L’escrime, « l’arme » bénéfique des femmes

Longtemps considéré comme un sport militaire et masculin, l’escrime aujourd’hui séduit de plus en plus de femmes. Bien loin de l’esprit guerrier ou du besoin de laver son honneur, les femmes ont bien saisies quels étaient pour elles les nombreux bénéfices de ce sport complet. Complet, car la discipline cumule des vertus physiques et psychologiques tout en étant source de plaisir. Ainsi, elle enseigne des qualités salutaires à la vie quotidienne et professionnelle de femmes qui endossent toujours plus de casquettes. D’une certaine manière : le parfait antidote au stress, quelle que soit la situation.

Nécessitant à la fois réflexion, anticipation et prises de décision rapides ; l’escrime demande une grande concentration. Une attention sans laquelle il est impossible de contrôler ses actions et celles de son adversaire. Pour gagner ? Il faut être capable d’aiguiser son esprit d’analyse, de mettre en place une stratégie, tout ceci afin d’anticiper les gestes de ses concurrents. Une partie de bluff en quelque sorte qui apprend à garder la tête froide. Bien utile n’est-ce pas ?

Derrière le masque, les tempéraments se révèlent. D’une personnalité expansive ou réservée, toutes les qualités féminines se voient développées : finesse, élégance, sens de l’observation, jeu d’équilibre, ruse même parfois. L’escrime, en réalité, ne fait qu’accentuer la féminité, l’aisance et la confiance de chacune.

Les filles de D’Artagnan peuvent donc s’avérer de fines lames et de redoutables combattantes ; et cela ne date pas d’hier.

Les femmes et l’escrime, Un peu d’histoire

Même s’il n’est pas rare de retrouver des représentations de femmes combattant à coup de bâtons ou d’épée, il faut reconnaître que la science des armes et de l’escrime ne fut pendant très longtemps que l’apanage des hommes.

Contrairement à certaines croyances, aux Jeux Olympiques d’Athènes, la femme avait sa place. Tout comme à Rome d’ailleurs, où compétitions de jeunes filles et patriciennes d’illustres familles ne craignaient pas de prendre casque et tunique de gladiateurs pour descendre dans l’arène. Les gladiatrices n’ont donc rien du mythe. Plus tard, sous Louis XIII, de nombreuses actrices portent un costume masculin dans le seul but de portée la main à l’épée. L’une d’entre elles, Madelaine d’Aubigny dite La Maupin sait faire parler d’elle. L’escrime, l’amour et le chant sont ses passions. Ses duels sont célèbres et souvent mortels, l’obligeant à se marier ou fuir le bûcher. Au Moyen-Âge, en Italie et en Allemagne, l’histoire conserve le souvenir de tournois féminins organisés pour… la conquête d’un homme, à l’image de celui pour le Duc de Richelieu.

Mais ça n’est qu’au début du 20ème siècle qu’adviennent les premiers assauts publics féminins, souvent donnés par des femmes ou filles de maîtres d’armes. 1907, le 1er Championnat du Monde au fleuret féminin voit le jour à Londres, puis en 1924 les J.O. de Paris attribue la 1ère médaille olympique de fleuret féminin.

Aujourd’hui, hommes et femmes s’affrontent dans des épreuves individuelles et par équipes dans lesquelles sont utilisées les trois armes : fleuret, épée et sabre. Le fleuret qui fût au départ la seule arme utilisée par les femmes avant les Jeux d’Atlanta, en 1996, où Laura Flessel connaîtra la 1ère médaille olympique d’épée féminine. Le sabre féminin, quant à lui, figure pour la première fois au programme des Jeux d’Athènes en 2004.

Des femmes et des championnes

Il y en a tant. Tant de grandes championnes qu’il est difficile d’en dresser une liste. En voici quelques-unes. Figures marquantes et emblématiques de l’escrime au féminin.

Brigitte Benon

Escrime française née en 1963, elle est la première championne du monde d’épée de l’histoire aux championnats du monde d’escrime en 1988 à Orléans. Éducatrice, elle est un exemple dans le domaine de l’enseignement de la pratique apportant une approche et une sensibilité complémentaire à celle des hommes.

Marie Chantal Demaille

Escrimeuse française, elle dispute trois compétitions au Jeux Olympiques d’été en 1964, 1968 et 1972.  En 1964 au J.O de Tokyo, elle dispute le tournoi par équipe terminant ainsi la sixième place. Lors de l’édition suivante, elle se place au neuvième rang du tournoi individuel et à la quatrième place du tournoi par équipe. Quatre ans plus tard, lors des jeux de Munich, elle atteint la quatrième place de l’épreuve individuelle. En 1971, alors professeur d’éducation physique, elle remporte les championnats du monde disputés à Vienne en Autriche devenant la première escrimeuse française à remporter un sacre mondial. La même année, ce sera la médaille d’or du fleuret aux Jeux Méditerranéens à Izmir. Fait exceptionnel, en 2012, à 70ans, elle devient championne du monde fleuret et épée dans la catégorie vétérans à Krems.

Laura Flessel

L’une des plus grandes. Championne de Guadeloupe dès l’âge de 19 ans, elle remporte, en 1996, une médaille d’or olympique en équipe ainsi qu’une autre en individuel. A partir de là, elle enchaîne les performances, médailles, titres olympiques, coupes et autres championnats avec notamment : 2 médailles d’or en épée individuelle (1998, 1999), 4 médailles d’or en épée par équipe (1998, 2005, 2007,2008) aux championnats du monde, une médaille d’or en épée individuelle au championnat d’Europe 2007 et 3 coupes du monde d’épée féminine (2002, 2003, 2004). Elle met définitivement fin à sa carrière de sportive en 2012 après les J.O de Londres

Nathalie Moelhaussen

Italo-Brésilienne née en 1985 à Milan, elle est spécialiste de l’épée. Championne du monde individuelle à Budapest en 2019. Vainqueur par équipes sous les couleurs de l’Italie lors des championnats du monde d’escrime 2009, elle a également remporté la médaille d’or par équipes aux championnats d’Europe d’escrime 2007 et en individuel aux Jeux méditerranéens de 2009. Elle a notamment été entraînée par Laura Flessel puis Daniel Levavasseur, l’un des conseillers du Club Florimont Lancy. A partir de 2013, elle décide de représenter le Brésil.

 

Aujourd’hui, sachez que l’escrime apparaît comme l’un des sports les plus paritaires au monde. Alors, en garde, prêt, allez !